Des technologies poétiques à l’avenir collaboratif : une rétrospective du Sommet des Amériques sur la culture

IFACCA - International Federation of Arts Councils and Culture Agencies,
18 June 2018, International

Photo: Martin Lipman. Courtesy: Canada Council for the Arts | Conseil des arts du Canada

 

Le tout premier Sommet des Amériques sur la culture s’est tenu du 9 au 11 mai, à Ottawa, dans un esprit de programmation dirigée par les membres. Le Conseil des arts du Canada en était l’hôte, en partenariat avec le ministère de la Culture de l’Argentine et la Fédération internationale des conseils des arts et des agences culturelles. Grâce à diverses perspectives provenant de partout sur le continent, le Sommet a permis d’explorer le concept émergent de citoyenneté culturelle et les façons dont il peut contribuer à des sociétés plus dynamiques, prospères et inclusives. Nous sommes honorés d’avoir joué un rôle central lors du Sommet des Amériques sur la culture et des discussions qui en ont découlé, et nous sommes heureux de traiter ci-dessous de notre perspective sur les grands enjeux qui ont émergé au cours de celui-ci. Nous vous invitons à vous joindre à la conversation qui se poursuit et à nous dire en quoi ces thèmes résonnent dans votre contexte régional.

 

La coopération en action

Le thème de la citoyenneté culturelle a été ciblé en réponse aux perceptions croissantes du public selon lesquelles les institutions démocratiques, en particulier celles qui soutiennent les arts et la culture, sont particulièrement bien placées pour promouvoir et protéger les droits culturels. En tant que partie intégrante des droits de la personne, les droits culturels garantissent que chacun est libre d’exprimer son identité et de contribuer activement à la vie culturelle de sa communauté, sans discrimination aucune. Pour certains, la liberté d’exprimer ses valeurs dans des espaces tant publics que privés est une composante essentielle d’une véritable démocratie. Cette conception de la citoyenneté culturelle voit un potentiel dans la relation entre les arts et la culture et l’énonciation et la recherche de la vérité, ce qui peut offrir aux communautés un éclairage crucial sur la condition humaine. Cet éclairage, et les processus qui le révèlent, peuvent ensuite guider l’orientation que prend la société, et le genre d’investissements qui généreront de la valeur publique pour un ensemble de personnes plus inclusif.

 

D’autres voient les modèles de leadership actuels comme inaptes à atteindre leurs objectifs dans le climat sociopolitique contemporain, ce qui souligne le besoin pour les institutions publiques d’explorer de nouvelles façons de travailler et de réaliser la promesse de la citoyenneté culturelle. En tant qu’institutions démocratiques, les organismes publics qui investissent dans les arts et la culture sont en très bonne posture pour façonner une nouvelle ère de leadership inclusif, non seulement grâce à la coopération avec des entités homologues, mais aussi avec les citoyens qu’ils servent. En cette époque de défis complexes et de différences marquées, les dirigeants de partout dans le monde sont à même de constater que la citoyenneté culturelle peut renforcer la confiance entre les gouvernements et les citoyens – de même qu’entre les citoyens – et améliorer l’efficacité des institutions publiques.

 

Vivre avec la complexité

De nos jours, il est presque impossible d’échapper à l’impression que le monde subit des changements sans précédent. Malgré le vaste territoire géographique qu’il couvrait, le Sommet des Amériques sur la culture a démontré que des facteurs communs soutiennent les efforts visant à promouvoir la démocratie culturelle partout sur le continent. La mondialisation, la technologie, les changements climatiques et l’évolution démographique transforment les communautés et créent des défis complexes, auxquels il existe peu de solutions. Une prise de conscience semble avoir lieu, à mesure que les institutions publiques commencent à reconnaître les limites des pratiques allant du haut vers le bas, face à une culture de plus en plus participative. 

 

Alors que de vieux systèmes s’effondrent, certaines personnes réagissent avec anxiété, souvent par peur de l’inconnu ou parce qu’elles ne veulent pas être laissées pour compte. D’autres, par contre, accueillent le changement comme une force vivifiante qui crée un espace propice à la découverte de solutions transformatrices, de structures expérimentales et de nouvelles relations. Quand ces acteurs sont mis en contact, ils peuvent échanger des idées, explorer de nouvelles pratiques et se sentir à l’aise de prendre plus de risques. De ces efforts novateurs, un nouveau système peut naître, ainsi qu’un nouveau modèle de leadership partagé.

 

La nature dynamique de l’environnement opérationnel d’aujourd’hui invite les institutions publiques à adopter des modèles de leadership plus adaptés qui abordent les changements en exploitant la puissance de la participation inclusive. Plutôt que d’imposer des idées quant à l’avenir et à ce à quoi il devrait ressembler, les chefs de file facilitateurs créent des conditions propices qui donnent les moyens d’agir à divers acteurs, qui peuvent ainsi travailler ensemble pour échanger des perspectives et atteindre des objectifs communs. Ce faisant, ces personnes apprennent à tirer profit de la source la plus abondante d’idées novatrices d’une société, soit les gens qui la composent.

 

On observe un mouvement qui grandit partout dans le monde, alors que des professionnels de tout acabit en viennent à apprécier les façons dont les arts, la culture, la citoyenneté et les processus démocratiques peuvent concourir ensemble à l’avancement de sociétés plus dynamiques et plus justes. Dans la conjoncture changeante d’aujourd’hui, les institutions publiques ont la possibilité de veiller à ce que les citoyens aient un accès équitable à la participation, mais aussi de renforcer leur capacité à se mobiliser pleinement en les aidant à acquérir de nouvelles compétences et relations. Cela témoigne des manières dont les institutions puissantes peuvent promouvoir la citoyenneté culturelle et le perfectionnement humain de façon complémentaire. Ce faisant, les institutions publiques peuvent fournir aux citoyens les outils nécessaires pour entrer en dialogue avec d’autres personnes dont la vision du monde diffère de la leur, afin de créer ensemble le monde auquel ils aspirent.

 

Dans ces circonstances, le tout premier Sommet des Amériques sur la culture a témoigné du fait que les entités gouvernementales de partout sur le continent sont prêtes à écouter les citoyens et à leur répondre avec des approches nouvelles en matière de soutien aux arts et à la culture. En reconnaissant que les citoyens sont des partenaires essentiels de toute évolution, les communautés, qu’elles soient grandes ou petites, apprennent à tirer profit du savoir local et des expériences vécues en tant que formes légitimes d’expertise qui peuvent inspirer des solutions transformatrices. À leur tour, les entités gouvernementales ont commencé à comprendre comment elles peuvent créer des conditions propices à la promotion des droits culturels et à la citoyenneté participative, ainsi que les défis associés à la nouvelle approche.

 

L’art des possibilités

D’un bout à l’autre de l’Amérique, des chefs de file tournés vers l’avenir comprennent que la capacité de la société à surmonter les défis et à cultiver un sentiment commun d’appartenance repose sur la capacité d’envisager, d’évaluer et de réaliser des avenirs différents grâce à la coopération. Durant la première journée du Sommet, les conférenciers nous ont montré comment l’engagement culturel fournit un espace – tant physique qu’idéologique – pour des gens ayant différentes visions du monde, afin qu’ils interagissent, négocient les différences, parviennent à une compréhension mutuelle et fassent front commun. Ce processus s’ajoute aux valeurs démocratiques et à la signification profonde de la démocratie elle-même, qui donne le pouvoir au peuple. Mais le pouvoir de faire quoi? Eh bien, voilà le nœud de la question. Pour concrétiser la promesse de la démocratie comme voie vers un avenir plus équitable, il faut d’abord élaborer une vision commune de cet avenir.

 

La première journée du Sommet des Amériques sur la culture s’est penchée directement sur ces questions. Durant l’avant-midi, la professeure Eliza Chandler (Canada) a applaudi les efforts visant à promouvoir l’élaboration de politiques culturelles collaboratives axées sur le soutien aux artistes handicapés, efforts qui sont déployés d’un bout à l’autre du pays. Elle a aussi lancé aux participants le défi de réfléchir aux personnes dont les besoins sont privilégiés, et à comment ces besoins le sont, alors que des processus inclusifs sont adoptés. Elle a conseillé de faire bien attention à « décolonialiser notre façon de penser » à ceux et celles qui devraient participer à un tel processus, et a suggéré des façons d’éviter de ne donner qu’une valeur symbolique à la participation des personnes ayant, historiquement, moins de visibilité, et de perpétuer des notions de différence.

 

Le conférencier suivant, Mauricio Delfín (Pérou), a poursuivi la réflexion sur ces thèmes et a mis les participants au défi de penser à ce que cela signifie de « permettre la participation citoyenne authentique » et à la façon dont cela diffère d’autres formes de consultation, plus transactionnelles. Il a suggéré que la démocratie fournit aux communautés un instrument puissant pour la prise de décisions inclusives au sujet d’enjeux d’intérêt public. Il a ajouté que les pratiques créatives peuvent être utilisées pour transformer l’atmosphère, attirer de nouveaux participants et faciliter le dialogue entre les groupes pour bâtir une capacité collective à influer sur les changements. Toutefois, il a aussi critiqué les façons dont certaines pratiques participatives sont utilisées comme façades de prises de décisions communes, ce qui nuit à la confiance entre les groupes marginalisés et les gouvernements. Il a conseillé aux institutions publiques de réfléchir à leurs intentions et à leur capacité de réellement partager le pouvoir avant d’adopter de telles approches, et a recommandé que la société civile leur demande des comptes.

 

Alonso Salazar, ancien maire de Medellín, en Colombie, a continué d’enrichir ces perspectives en montrant comment des investissements en culture ont transformé le climat de violence qui a paralysé la ville pendant des décennies. Au sujet des interventions culturelles qui ont été créées et mises en œuvre avec des citoyens, il a décrit comment son administration a pu cultiver un sentiment commun de possibilité, de fierté et de responsabilité, tant pour les lieux que pour les gens, en faisant contribuer les citoyens au processus de réinvention de leur avenir commun. En orientant les investissements culturels autour des œuvres publiques, Alonso Salazar et ses partenaires ont été capables de se réapproprier l’espace public à des fins d’activités pacifiques et favorisant un sentiment d’appartenance. Au fil du temps, ces interventions ont grandement participé à la renaissance de Medellín, qui n’aurait pas pu se produire si les citoyens n’avaient pas été reconnus comme des partenaires essentiels dans sa transformation.

 

Chacun de ces récits a montré les bienfaits mutuels dont les institutions publiques profitent quand elles adoptent des processus participatifs, et indique que les institutions publiques peuvent façonner un nouveau type de leadership et de pratiques inclusives, en faisant preuve d’empathie et en traitant tous les citoyens avec respect et dignité.

 

Des technologies poétiques

La discussion sur la participation inclusive a mis la table pour une exploration en profondeur des façons dont la technologie numérique a des répercussions sur l’écosystème des arts et de la culture, tant pour les créateurs que pour les citoyens. L’artiste militante Astra Taylor (États-Unis/Canada) a présenté une évaluation percutante de la démocratie contemporaine et des effets dommageables qu’ont les paysages médiatiques fortement corporatistes sur notre capacité à concrétiser une promesse plus égalitaire. En cette époque de « faits alternatifs », Astra Taylor a pressé les participants de voir en quoi les arts peuvent nous aider à parvenir à une vérité plus profonde et à promouvoir l’empathie.

 

La démocratisation de la technologie tient pour acquis qu’une plus vaste diversité de personnes a accès à des outils numériques, et que leur utilisation donne à ces gens des moyens d’agir. Toutefois, les conférenciers de l’après-midi nous ont rappelé que la technologie ne demeurait qu’un outil : nos valeurs déterminent comment ces instruments sont utilisés et la mesure dans laquelle ils font la promotion de la citoyenneté culturelle et d’une plus grande équité. Quatre artistes ont donné un riche éventail d’exemples illustrant comment des valeurs conformes à la justice sociale leur permettent d’utiliser les technologies numériques afin de créer plus d’empathie.

 

L’artiste et éducateur américain Taeyoon Choi a proposé que l’on élabore un « nouveau code d’éthique » pour accompagner notre capacité à coder des logiciels. Ce code d’éthique donnerait la priorité aux valeurs d’inclusion, d’équité et de justice au sein des formes de technologie et des arts émergents. Le travail des autres conférenciers a donné corps à cette perspective et a fourni aux participants un aperçu de ce à quoi un avenir différent pourrait ressembler. Taeyoon Choi nous a aussi rappelé que les artistes sont dotés de compétences et de sensibilités uniques, nécessaires pour affronter l’inconnu et s’ouvrir aux changements qui nous entourent, comme force vivifiante.

 

L’artiste Amor Muñoz (Mexique) crée des œuvres qui allient la performance et l’électronique expérimentale avec des techniques traditionnelles, comme le dessin et le textile. Elle a montré des œuvres illustrant les conditions de travail inéquitables des ouvriers des usines à la frontière des États-Unis et du Mexique, dans le but d’inspirer le dialogue, l’apprentissage et le changement social. D’une façon similaire, la cinéaste Michèle Stephenson (Haïti/Panama/Canada/États-Unis) a fourni un exemple puissant des façons dont la technologie numérique, les récits historiques et le réalisme magique peuvent être combinés et donner au public une expérience viscérale du racisme dans les États du sud des États-Unis. Pour Michèle Stephenson, des valeurs telles que l’inclusion sont des « moyens par lesquels on atteint une plus grande équité, et non des fins en soi ». Son exploration de la diversité n’implique pas de mettre l’inclusion sur un piédestal ou d’ignorer ses ramifications compliquées. Son travail tire plutôt profit de la puissance de la technologie numérique comme manière d’inspirer l’empathie radicale au service de la justice réparatrice, au moyen d’expériences profondément immersives.

 

Durant l’après-midi, nous avons entendu des conférenciers de partout en Amérique qui participent à des travaux sur la mémoire et la réconciliation. Le travail de vérité et de réconciliation est axé sur la correction des iniquités historiques et la guérison des divisions dans les sociétés aux prises avec des legs de violence et de discrimination contre des groupes marginalisés. Les efforts de réconciliation avec les peuples autochtones reconnaissent « la nécessité urgente de respecter et de promouvoir les droits intrinsèques des peuples autochtones, qui découlent de leurs structures politiques, économiques et sociales et de leur culture, de leurs traditions spirituelles, de leur histoire et de leur philosophie » (Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, 2008). La première journée du Sommet des Amériques sur la culture a bouclé la boucle à maints égards, alors que nous avons jeté un regard empli d’émotion sur la façon dont la promotion et la protection des droits culturels pour tous peuvent commencer à panser de profondes blessures de société.

Javiera Parada from Chile, Jesse Wente (Director, Indigneous Screen Office) from Canada, The Honourable Fernando Griffith from Paraguay and Elizabeth Silkes (Executive Director, International Coalition of Sites of Consciences)
Photo: Martin Lipman. Courtesy: Canada Council for the Arts | Conseil des arts du Canada

Un thème commun transcendait le discours de chaque conférencier : un appel à la sincérité comme condition préalable à la réconciliation. En reconnaissant leur complicité dans la perpétuation des iniquités, les institutions gouvernementales peuvent jouer un grand rôle dans les processus de réconciliation. De plus, en déléguant des pouvoirs aux gens qui détiennent des savoirs traditionnels et des expériences vécues, et en créant des possibilités signifiantes pour qu’ils puissent modeler les objectifs et la substance des politiques culturelles, les organismes publics qui investissent dans les arts et la culture peuvent commencer à partager le pouvoir de façon à promouvoir les droits culturels et à faire progresser l’équité. Par ailleurs, en observant les modèles traditionnels de gouvernance inclusive utilisés dans les communautés autochtones, les entités publiques peuvent trouver une formidable source d’inspiration quant à la manière dont elles peuvent transformer les institutions dominantes du gouvernement à l’avenir.

 

Des avenirs collaboratifs

Si des processus démocratiques enrichis par la culture locale fournissent à un ensemble plus inclusif d’intervenants la possibilité de façonner la société de façon collaborative, alors à quelle étape, en aval ou en amont, sont appliquées les contributions des citoyens? En s’intéressant à divers sujets, la deuxième journée du Sommet des Amériques sur la culture a soulevé des questions essentielles quant à la profondeur et à la qualité de la participation qui pourrait – ou devrait – être attendue dans le cadre d’une citoyenneté culturelle.

 

Cultural Agencies Roundtable: Creating Participatory Futures Panel
Photo: Martin Lipman. Courtesy: Canada Council for the Arts | Conseil des arts du Canada

 

Les discussions de la matinée ont révélé certaines des pressions que vivent les institutions publiques lorsqu’elles adoptent des approches plus collaboratives, y compris des défis quant aux attentes sur le temps que cela devrait prendre pour élaborer une politique culturelle, ce que de telles politiques devraient inclure, qui devrait en profiter, et pourquoi. Des approches transformatrices invitent les institutions publiques à réfléchir à l’efficacité de leurs structures et processus, et, là où cela est nécessaire, à les rendre plus poreux, accessibles et réactifs aux besoins locaux. Toutefois, le fait de créer plus de possibilités ne garantit pas nécessairement la participation citoyenne. Les citoyens et les acteurs gouvernementaux peuvent être dissuadés de participer à la gouvernance collaborative s’il y a un manque de confiance, d’engagement ou de communication. Certains citoyens peuvent voir des obstacles à leur mobilisation s’ils manquent – ou s’ils ont l’air de manquer – d’expérience en matière d’interactions avec les acteurs gouvernementaux. Ainsi, les conférenciers ont invité les institutions publiques à envisager comment elles pourraient investir de manière à accroître le goût de s’engager des citoyens, et à favoriser leur capacité à le faire d’une manière significative. Les conférenciers de partout en Amérique ont montré comment ils commencent à transformer les systèmes à partir de l’intérieur en adoptant une approche d’appel et de réponse pour l’élaboration de politiques.

 

Dans l’esprit collaboratif des grands thèmes du Sommet, le dernier jour a laissé du temps aux participants pour qu’ils puissent discuter en petits groupes. Les fruits de ces conversations seront partagés avec notre réseau dans les jours à venir.

 

 

Le chemin qu’il reste à parcourir

Dans ce monde qui est de plus en plus divisé et incertain, la société a besoin d’approches créatives qui font la promotion d’un dialogue inclusif, qui exploitent la vitalité culturelle qui existe partout, et qui tirent parti de la solidarité qui naît lorsque diverses personnes se réunissent pour créer l’avenir ensemble. Alors que des forces puissantes continuent de remodeler le rôle des institutions publiques, les professionnels créatifs sont bien placés pour avoir une incidence directe sur l’orientation de l’évolution de la société, d’une manière qui donne du pouvoir au citoyen et place les considérations culturelles au cœur de la gouvernance inclusive.

 

Participez à la conversation : #culturecultura18