Faire campagne maintenant pour que la culture soit incluse dans les OMD

IFACCA,
08 June 2013, International

Faire campagne maintenant pour que la culture soit incluse dans les OMD

Plusieurs évènements de l’ONU commençant la semaine prochaine décideront du futur programme de développement, et influeront fortement sur les dépenses publiques dans la culture. La FICAAC a rédigé un document d’information sur ces activités, et propose des actions à prendre pour préconiser que la culture soit reconnue dans les objectifs futurs comme « catalyseur et vecteur de développement durable ». 

Plusieurs processus sont actuellement engagés au sein des Nations unies pour définir les nouveaux objectifs mondiaux pour l’aide et le développement – voir plus bas  pour plus amples informations sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Un certain nombre d’évènements en la matière ont déjà eu lieu, mais les évènements clés qui influenceront les prises de décision de l’ONU sont :

12 juin à in New York – Un débat thématique sur la culture et le développement organisé par le président de l’Assemblée générale de l’ONU. Pour l’ordre du jour et les thèmes du débat, voir la Note conceptuelle : www.un.org/en/ga/president/67/letters/pdf/Thematic%20Debate_Culture%20and%20Development%20-%2019%20April%202013.pdf 

1-4 juillet à Genève – Une session du segment de haut niveau du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) intitulée « Science, technologie et innovation, et le potentiel de la culture dans la promotion du développement durable et la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement », www.un.org/en/ecosoc/julyhls/index13.shtml.   Voir pages 14-16 de la version préliminaire non révisée du rapport pour la Revue ministérielle annuelle de l’ECOSOC, qui fournissent des arguments sur l’importance de la culture dans le développement, www.un.org/en/ecosoc/docs/adv2013/13_amr_sg_report.pdf . L’ECOSOC adopte une Déclaration ministérielle lors de sa Revue ministérielle annuelle, et on nous a fait savoir que des arguments sur la culture seraient bien accueillis dans ce contexte. 

Consultations nationales – Les opérations du Programme de développement des Nations unies (PDNU) sont déjà en cours.  Voir www.undp.org/content/undp/en/home/librarypage/mdg.html. Le premier rapport du PDNU a déjà été rendu public, « La Conversation mondiale commence », www.undp.org/content/undp/en/home/librarypage/mdg/global-conversation-begins/  

25 septembre : L’Assemblée générale de l’ONU, où les OMD seront formellement passés en revue – et un résultat sera négocié (s’il n’a déjà été établi à l’avance).

6-9 octobre au Cap – La troisième conférence sur l’économie créative d’Arterial Network. Étant donné que les OMD concernent le plus le continent africain, et vu la place importante accordée à la culture et au développement – et par conséquent aux industries de la culture et de la création – dans le programme de développement africain ces dernières années, ces thèmes vont faire l’objet de débats approfondis et, espérons-le, influenceront les futures délibérations et stratégies.  http://www.arterialnetwork.org/projects/2013-african-creative-economy-conference 

24-29 novembre à in Bali – Le Forum mondial sur la culture dans le développement, www.wcf-bali.com/, dont l’hôte et le Président d’Indonésie (co-président du Groupe de haut niveau de personnes éminentes (voir plus bas)).

13-16 janvier 2014 à in Santiago du Chili – Sommet mondial des arts et de la culture, www.artsummit.org – organisé conjointement par le Conseil national chilien de la culture et des arts et la FICAAC.

Le lundi 3 juin, la FICAAC a reçu un courriel de Francesco Bandarin, sous-directeur général pour la culture à l’UNESCO, qui examine la question de la culture et du développement et invite les organismes concernés à promouvoir le rôle de la culture dans le développement durable. Le courriel de M. Bandarin avait été envoyé à la FICAAC dans le cadre de sa participation à un important congrès de l’UNESCO (co-organisé par diverses instances gouvernementales chinoises) à Hangzhou, en mai dernier. Il y avait environ 400 participants, dont deux membres du conseil d’administration de la FICAAC A (Bilel Aboudi, du ministère de la Culture tunisien, et Elise Huffer, de la Communauté du Pacifique) et Mike Van Graan (African Arts Institute et coordinateur régional de la FICAAC pour l’Afrique), ainsi que de nombreuses autres agences de l’ONU, des représentants de gouvernement, des organisations artistiques et culturelles, des universitaires et des experts dans le domaine de la culture et du développement. Pour reprendre les paroles de Charles Vallerand de la Fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle : « La conférence a été de prime importance pour l’hôte chinois… La vice-premier ministre Liu Yandong a clairement indiqué, dans son discours d’ouverture de la conférence, que la Chine se tiendrait aux côtés de l’UNESCO pour appeler à l’inclusion de la culture dans le programme de développement de l’ONU pour l’après-2015  ». 

La Déclaration de Hangzhou résultant de ce congrès, ainsi que de nombreuses autres sources d’information, sont disponibles sur les liens suivants : www.unesco.org/culture/hangzhou-congress  et www.unesco.org/new/en/unesco/resources/the-hangzhou-declaration-heralding-the-next-era-of-human-development/ .  

De nombreux organismes internationaux (organisations intergouvernementales et organisations non gouvernementales – voir plus bas) conjuguent leurs efforts pour plaider en faveur de l’intégration de la culture dans les OMD et le programme mondial de développement pour le futur. À Hangzhou, la FICAAC et trois autres agences (le Comité de la culture de l’organisation Cités et gouvernements locaux unis, la Fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle et Culture Action Europe) ont réussi à faire insérer la formulation suivante dans la déclaration finale : « Nous recommandons… qu’un objectif spécifique centré sur la culture soit inclus dans le programme de développement de l’ONU pour l’après-2015, objectif qui devra être fondé sur le patrimoine, la diversité, la créativité et la transmission du savoir, et qui comprendra des buts à atteindre et des indicateurs bien établis liant la culture à toutes les dimensions du développement durable ». 

Et, bien sûr, beaucoup d’autres agences plaident également en faveur de leurs propres intérêts (autres que la culture), pour qu’ils trouvent leur expression dans le programme de développement.  Et même, il y a ceux qui œuvrent contre l’inclusion de la culture dans le programme de développement, arguant que la diversité culturelle peut être perçue comme étant de nature à créer des divisions, ou que les arts, la construction du sens et les pratiques culturelles peuvent être interprétés comme un luxe non essentiel au bien-être humain.

Il est important de faire en sorte que des arguments pertinents et convaincants soient entendus aux plus hauts niveaux de l’ONU en ce qui concerne les raisons pour lesquelles la culture doit cesser d’être exclue des objectifs de développement durable.  

Historique – Pourquoi cela importe
Les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), internationalement reconnus, déterminent la manière dont les gouvernements du monde et les organismes internationaux tels que la Banque mondiale dépensent des milliards de dollars chaque année pour des initiatives de développement. Les OMD guident aussi la façon dont le développement est évalué. Voir, par exemple,  http://en.wikipedia.org/wiki/Millennium_Development_Goals et www.guardian.co.uk/global-development/2013/may/29/millennium-development-goals-progress . 

Les OMD ont été établis en l’an 2000 pour une période de 15 ans. Leur réexamen est déjà en cours (comme décrit plus haut), et des décisions vont vraisemblablement être prises dans les semaines à venir qui scelleront le futur de ces objectifs.

La non-reconnaissance de la CULTURE dans les OMD actuels fait l’objet d’une grande préoccupation à travers le monde – soit en tant que moyen de réalisation du développement durable, soit en tant qu’aspect qui devrait être pris en considération dans l’évaluation des programmes de développement, soit en tant que telle. Pour des arguments en faveur de la reconnaissance de la culture, reportez-vous à la Déclaration de Hangzhou ou aux autres documents communiqués plus bas.   

Si la culture devait être reconnue dans les objectifs futurs comme « catalyseur et vecteur de développement durable », cela représenterait un bond en avant pour la prise de conscience de la valeur de la culture pour les sociétés, stimulerait la coopération entre les programmes de développement futurs et les cultures locales dans lesquelles ils sont mis en œuvre, et inciterait les gouvernements et les organisations humanitaires internationales à affecter de beaucoup plus grandes ressources aux programmes culturels.  

Agences clés participant à l’élaboration du programme pour l’après-2015 

  • Groupe de haut niveau de personnes éminentes – www.post2015hlp.org/  et www.un.org/sg/management/hlppost2015.shtml – institué par le Secrétaire général de l’ONU pour procurer assistance et recommandations sur le programme de développement pour l’après-2015. Ce groupe est présidé par les Présidents d’Indonésie et du Libéria et le Premier ministre du Royaume-Uni. Ses 27 membres comprennent des représentants du secteur privé, du monde universitaire, de la société civile et d’autorités locales. Le Groupe vient de publier son rapport, le 30 mai 2013. Le résumé de ce rapport se trouve à  www.un.org/sg/management/pdf/HLP_P2015_Executive_Summary.pdf.  NB : Ce nouveau rapport fait observer que les OMD actuels n’incorporent pas les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement durable, et identifie des lacunes dans les domaines suivants : les personnes les plus pauvres et les plus exclues du monde ; les effets des conflits et de la violence ; la bonne gouvernance et les institutions qui garantissent l’état de droit ; la liberté d’expression et la transparence et la responsabilisation des gouvernements ; et la croissance inclusive pour procurer de l’emploi. Il est cependant très préoccupant de constater que  le rapport ne fait pour ainsi dire aucune mention du mot « culture », et il n’y a rien dans les recommandations finales qui suggère que la révision des OMD devrait prendre en compte la culture. 

Quelques exemples des nombreux autres organismes s’inquiétant à propos du programme de développement pour l’après-2015 

  • Fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle, www.ficdc.org
  • Fonds pour la réalisation des OMD – créé en 2007 avec une contribution du gouvernement espagnol de 900 millions de dollars américains, dont 90 millions pour 18 programmes menés conjointement avec des agences de l’ONU dans le domaine de la culture. La documentation des programmes offre des données pour appuyer l’argument que la culture peut contribuer au développement durable, www.mdgfund.org/content/cultureanddevelopment,  et que ça marche !, www.unesco.org/new/en/culture/themes/culture-and-development/the-future-we-want-the-role-of-culture/it-works-the-mdg-fund/ .  Aucune décision n’a encore été prise quant au renouvellement de ce Fonds.
  • Rio+20 – est l’abréviation de United Nations Conference on Sustainable Development [Conférence des Nation unies sur le développement durable], qui a eu lieu à Rio de Janeiro au Brésil en juin 2012. Lors de la conférence, les dirigeants du monde, ainsi que des milliers de participants du secteur privé, des ONG et d’autres groupes, se sont rassemblés pour déterminer comment réduire la pauvreté, faire progresser l’équité sociale et garantir la protection de l’environnement sur une planète de plus en plus peuplée. À Rio+20, des annonces de contributions se montant à plus de 513 milliards de dollars ont été faites pour bâtir un futur durable.  http://www.un.org/en/sustainablefuture/ 

Comme le fait remarquer l’UNESCO (dans ses documents d’information) :
« …ce qu’il manque toujours, c’est la reconnaissance mondialement convenue et commune que les programmes et stratégies de développement aux niveaux international, régional et local devraient intégrer la culture dans leurs objectifs, indicateurs et buts à atteindre. Sans de telles actions, et sans l’assistance y afférente en matière de renforcement des capacités humaines, le potentiel que la culture a de contribuer au développement durable risque d’être en grande partie inexploité dans beaucoup de régions du monde. » 

« … l’enjeu principal est de convaincre les décisionnaires politiques et les acteurs sociaux aux niveaux local, national et international d’incorporer les principes de la diversité culturelle et les valeurs du pluralisme culturel dans toutes les politiques et pratiques publiques, en particulier pas le biais de partenariats publics-privés. »

Ce que vous pouvez faire
Les suggestions qui suivent ne sont pas des recommandations spécifiques du conseil d’administration ou des membres de la FICAAC, nous voulons simplement les livrer à votre réflexion pour que vous les considériez en fonction des particularités de votre pays. 

Elles sont toutefois conformes à la vision de la FICAAC « d’un monde dans lequel les arts sont appréciés pour eux-mêmes et pour leur contribution à la consolidation des communautés et à l’enrichissement des vies », et à notre mission « d’améliorer la capacité et l’efficacité des organismes publics de soutien aux arts pour en faire bénéficier la société par l’établissement de contacts, la promotion et la recherche ». 

  • Familiarisez-vous avec les problèmes de fonds, en particulier les arguments fournis dans la Déclaration de Hangzhou et les autres éléments d’information communiqués plus haut.
  • Si approprié, communiquez d’urgence votre désir d’inclure la Culture dans les OMD pour l’après-2015 aux organismes publics concernés, tel que votre ministère de la Culture, votre ministère des Affaires étrangères ou votre délégation aux Nations unies. À terme, ce sont les États membres qui influenceront les nouveaux objectifs de développement, et qui les établiront en votant ; il est donc important que votre représentant à l’ONU dispose des informations nécessaires sur la question avant le débat du 12 juin.
  • Renseignez-vous pour savoir s’il y a des consultations nationales dans le cadre du PDNU dans votre pays, et efforcez-vous d’introduire la culture dans ces débats.
  • Faites circuler des informations sur le sujet dans vos propres réseaux et dans les organisations de société civile de votre pays, par messagerie électronique ou dans les médias sociaux (dans Twitter vous pouvez utiliser #culture2015goal )

Nous espérons que ce document d’information vous a été utile et que nous pourrons, ensemble, influencer le résultat des délibérations en cours.